III. L'Acropole
5. L'Erechtheion
A. Caractère et originalité
Ce temple est assez spécial et à plusieurs égards.
Son emplacement d'abord : il représentait le centre de
l'Acropole primitive et regroupait sur un espace réduit les plus
anciens souvenirs politiques ou religieux de la cité. On
localisait là le palais mycénien. C'est là qu'eut
lieu la dispute d'Athéna et de Poséidon, les deux
divinités étant adorées dans deux sanctuaires
contigus groupés en un seul temple. On y trouvait le
xoanon, statue ancienne d'Athéna en olivier, tombée
du ciel et consacrée par Cécrops, ce qui ne nous rajeunit
pas ! La marque du trident de Poséidon était visible
sur le rocher. Il y avait une crypte dont une partie servait de cage aux
serpents sacrés. On y trouvait encore l'olivier sacré, don
d'Athéna, une chapelle dédiée à Pandrose,
fille de Cécrops, et le tombeau de Cécrops.
En 480, le premier sanctuaire est détruit par les Perses.
Périclès, dans ses plans d'aménagement de
l'Acropole, conçut un édifice nouveau, destiné
à regrouper toutes ces anciennes reliques, pour rendre hommage
à la tradition, après le Parthénon, hymne à
la jeunesse. Nicias allait réaliser le nouvel Erechteion,
après la paix qui porte son nom. Il a mis tout son coeur dans sa
tâche. Mais les goûts ont évolué. L'armature
morale de la cité a changé. L'enthousiasme créateur
fait place au raffinement, à la recherche. Ce n'est plus la
grandiose simplicité, c'est la grâce, la
légèreté, la féminité. L'ordre
ionique triomphe. C'est le baroque après le classicisme.
Le plan est compliqué, par nécessité : loger
dans un même enclos tout ce chaos hétéroclite !
B. Disposition
L'Erechteion comporte un corps, deux portiques (nord et sud), et des
annexes.
Le corps
L'ensemble actuel ne représentait que la moitié d'un
projet primitif. Ces deux portiques du nord et du sud, qui sont
totalement décentrés, auraient été au milieu
et auraient permis d'accéder à un vestibule central. Ce
devait être un ensemble allongé et amphiprostyle. Seule la
moitié est du projet fut réalisée. De l'est
à l'ouest, le corps de l'Erechteion comprend un pronaos à
six colonnes ioniques, puis la cella d'Athéna, et en
troisième lieu, séparée par un mur plein, la
cella de Poséidon et d'Erechtée, à deux
mètres en contrebas.
Sous le dallage de cette double cella, une crypte servait de cage
aux serpents sacrés. Un vestibule à l'extérieur
ouest, auquel on accède par les deux portiques et qui abrite la
citerne sacrée. La colonnade de la partie occidentale est
accolée au mur ouest du vestibule et elle est posée sur un
mur pour compenser les inégalités de niveaux.
Au nord, un portique classique, à fronton, composé de six
colonnes. Ce porche abritait les trous creusés dans le roc par le
trident de Poséidon. Il donne dans le vestibule par une porte
remarquable, avec des moulures et des rosaces d'une grande finesse. Les
Byzantins, cependant, l'ont retouchée.
Au sud, le portique des Caryatides : une cage d'escalier,
peut-être réservé aux arréphores, les petites
filles qui tissaient le péplos sacré. Ces korai
portaient des corbeilles, ce sont donc des canéphores. Sur ces
corbeilles repose sans problème l'architrave du portique. Les
plis rappellent les cannelures du tambour de colonne traditionnel.
L'Erechteion fut achevé en 407.
Les annexes
Voir croquis.