III. L'Acropole
3. L'entrée de l'Acropole
Pausanias :
« L'Acropole n'a qu'une entrée : elle n'est accessible
d'aucun autre côté étant de partout escarpée
et enclose d'un puissant rempart. Le seul accès abordable se
trouve à l'ouest. »
Au Ve siècle, l'accès occidental était
constitué par une rampe remblayée en pente relativement
douce, large de 23 mètres et qui était coupée en
deux par un mur de soutènement appuyé sur l'aile nord des
Propylées.
Sur toute la largeur de cette rampe, serpentait la voie sacrée,
qui franchissait par une porte le mur de soutènement.
La voie sacrée était dallée de marbre, et en son
milieu elle était entaillée de stries pour que les pieds
des bêtes ne glissent pas. La sinuosité compensait la
déclivité et permettait le déploiement de belles
processions. Aujourd'hui, la voie sacrée n'est plus qu'un sentier
de chèvres recouvert de gradins de bois, mais le marbre est
encore là.
A son débouché, sur le terre-plein supérieur, la
voie sacrée avait à sa droite le temple d'Athéna
Nikê. En face, s'étendaient les Propylées.
A. Le temple d'Athéna Nikê
Un petit bijou !
Le premier accueil de l'atticisme au seuil de l'Acropole.
Un observatoire de pilote. De là, on voit Salamine. La suggestion
même de ce site a décidé du prestige de cette petite
plate-forme. Dans les anciens âges, le bastion du pyrgos
formait un saillant sur le mur pélagique. Ce poste de guet a tout
de suite pris valeur de symbole. C'est du haut du pyrgos que le
vieil Egée attendait le retour de Thésée. Depuis
Thésée, ce poste de vigie est devenu un lieu sacré.
Peu après la paix qui mettait fin aux guerres médiques,
Périclès avait songé à convoquer un
congrès panhellénique. Programme :
l'édification en commun de temples expiatoires.
Les Athéniens décidèrent de consacrer à la
victoire un ouvrage avancé. Le temple d'Athéna Nikê
ne faisait pas partie du programme d'ensemble de l'Acropole. Il a
été construit pour lui-même, à part. Il fit
commencé en 435 et Périclès n'a pas vu son
achèvement en 420.
Le temple, sur le bastion du pyrgos, est posé de biais,
pour des raisons religieuses, probablement. Le pyrgos lui
constitue un piédestal de 8 m 60 de hauteur.
On accède au temple par quatre marches. C'est un édifice
d'une totale simplicité, un naos aptère amphiprostyle et
tétrastyle. L'essentiel du temple, c'est la cella, un cube de
marbre de 4 mètres de côté. L'ordre est ionique,
l'ordre qui convient le mieux à un temple exigu. Une
particularité typique, la modénature (galbe, dimensions,
sculpture des bases) se prolonge par celle des pieds-droits (antes) et
même se prolonge sur les murs latéraux.
L'architrave d'Athéna Nikê est classique, lisse, à
trois bandeaux. La frise est une frise continue, sculptée. Les
sculptures très mutilées représentaient sans doute
des épisodes des guerres médiques. Celles des faces nord
et ouest sont à Londres et remplacées sur place par des
moulages. Elles représentaient des batailles entre Perses et
Béotiens. Celles de l'est représentent l'assemblée
des dieux, groupés autour d'Athéna consacrant le triomphe
de la victoire. Au sud, Perses et Grecs.
Les plus belles sculptures liées au temple d'Athéna
Nikê sont celles du parapet. Le pyrgos, à
l'époque classique, était surmonté d'une balustrade
en marbre, longue de 32 mètres, haute de 1 mètre environ.
Les sculptures de ce parapet, visibles au musée de l'Acropole,
représentent des personnages aux formes particulièrement
harmonieuses et élégantes, par exemple Athéna
rattachant sa sandale. L'ensemble devait figurer un sacrifice offert
à Athéna Nikê. On discute. Certains disent que ce
sacrifice sur le parapet du temple était
célébré en l'honneur de la victoire d'Alcibiade,
qui ne pouvait être que de la deuxième partie des guerres
médiques, ce qui supposerait que le parapet ait été
conçu bien après le temple d'Athéna Nikê.
Entre le temple et les Propylées, sur un emplacement dallé
de marbre, s'élevait l'autel d'Athéna. Se trouvait
là aussi une statue d'Hécate en pyrgidia,
Hécate sur le pyrgos. C'est sans doute à cause de
cet autel d'Athéna que l'aile sud des Propylées est plus
courte que l'aile nord et que l'ensemble est dissymétrique.
B. Les Propylées
L'entrée de l'Acropole s'était faite par
l'ennéapylon, le mur aux neuf portes. Pisistrate le
premier avait eu l'idée de Propylées à la fois
militaires et décoratives. Il transforma donc la partie
supérieure de l'ancien rempart et en fit un arc richement
orné, en avant duquel il y avait un portique. Détruites
par Xerxès, elles furent reconstruites à la seconde guerre
médique. En 437-436, l'achèvement des gros travaux du
Parthénon libère une main d'oeuvre
spécialisée et nombreuse. On décide de faire
à l'Acropole une entrée monumentale. Le plan était
donc purement décoratif, sans aucune préoccupation
militaire. Athènes n'avait plus à se garder, elle
était accueillante.
Le plan était aussi strictement architectural : pas de
sculptures.
Ce plan comprend une construction centrale, comparable aux
propylées de Pisistrate, flanquée à droite et
à gauche de deux ailes symétriques. Deux grands portiques,
en arrière, devaient faire toute la largeur de l'Acropole.
Ce plan ne fut pas complètement réalisé, par suite
de nombreuses difficultés.
Difficultés financières : les travaux du seul
soubassement avaient déjà dépassé les
prévisions.
Difficultés politiques : l'opposition attaque
Périclès, et cette opposition va trouver curieusement un
renfort religieux. Le clergé du temple d'Athéna
Nikê, à cause de la présence de l'autel
d'Athéna, et sans doute le clergé du temple
d'Artémis Brauronia, s'opposeront à la construction d'une
aile sud normale, qui aurait empiété sur l'espace
consacré à ces deux déesses.
Finalement, sur un soubassement en travertin du Pirée, qui
rachète en partie les inégalités du roc, les
Propylées de Mnésiclès comportent un bâtiment
central et deux ailes.
Propylées centrales : Un rectangle de 18
mètres de large (nord-sud) sur 25 mètres de profondeur
(est-ouest). C'est un édifice amphiprostyle hexastyle dorique et
dont les deux murs latéraux se terminent par des antes. Un mur
transversal intérieur percé de cinq portes,
surélevé sur quatre marches divise le corps central en
deux parties et dissimule tant bien que mal un ressaut assez
considérable du terrain. Du fait de l'existence de ce mur, toute
la partie orientale des propylées était
surélevée par rapport à la partie occidentale, et
pour ne pas écraser le bâtiment, elle était plus
haute. Il y avait un fronton.
La partie occidentale était divisée en trois nefs
par deux rangées de trois colonnes ioniques. Par le milieu,
passait la voie sacrée. Des colonnes, hautes de 8 mètres
53 supportaient un plafond horizontal à caissons peints en bleu
et ornés en leur centre d'une étoile de bois doré.
L'aile nord est la seule qui a été achevée
selon le projet primitif. Elle mesure 10 mètres 76 de large
(nord-sud) sur 8 mètres 96 de profondeur. Elle est formée
d'une salle assez vaste précédée d'un portique
dorique.
La grande salle servait de pinacothèque. Outre une série
de fresques, elle comprenait des tableaux consacrés comme
offrandes et montés sur des panneaux mobiles en bois.
Peut-être cette salle était-elle un sanctuaire
consacré aux Grâces.
L'aile sud est toute rabougrie : 8 mètres de
profondeur, mais c'est en largeur qu'elle est la plus
réduite : elle n'a que 4 mètres. C'était
surtout un promenoir. Elle devait aussi servir de sanctuaire à
Artémis épipyrgidia ou
épipyrgiditê. De nombreuses oeuvres d'art
décoraient les Propylées et les gens passaient
là... Il y a avait une louve en bronze, une Aphrodite et des
statues équestres.
Ces Propylées avaient une grande popularité :
certains même les préféraient au Parthénon.
Cela permettait d'affirmer, dans la splendeur du couchant, la victoire
définitive et magistrale sur l'Asie.