III. L'Acropole
2. Conceptions architecturales
A. Le plan de l'Acropole
La topographie exacte de l'Acropole est en fait mal connue. Bien
entendu, on peut repérer l'emplacement exact des divers
édifices. Pas de doute, ou très peu, mais ce qui est moins
sûr, c'est l'organisation d'ensemble des enceintes sacrées
que délimitaient ces édifices et qui, elles, ont disparu.
Pour le Parthénon, on a longtemps cru, dans l'antiquité
comme aujourd'hui, qu'il apparaissait dans sa totalité aux gens
qui, ayant franchi les Propylées, débouchaient sur le
plateau. Les travaux de l'archéologue Stevens, véritable
archéo-détective, ont montré que le
Parthénon ne se présentait pas ainsi au Ve siècle.
Les murs des enceintes, les ex-voto de l'Acropole, même s'ils ont
disparu, ont laissé des traces, grâce aux entailles faites
dans le sol calcaire pour assurer les fondations. Ces entailles, on les
avait d'abord confondues avec les fissures naturelles du calcaire.
L'enquête sur les rock-cuttings menée par Stevens a
prouvé, c'est maintenant indubitable, que sur la face ouest, donc
arrière, du Parthénon, il y avait une cour entourée
de murs, et que ces murs masquaient le Parthénon quand on avait
débouché des Propylées. Il fallait parvenir
jusqu'à eux pour découvrir le Parthénon, entier,
sous un angle de quarante-cinq degrés : c'est l'angle sous
lequel on saisit le mieux le Parthénon dans son ensemble. Il est
évident que l'exemple du Parthénon n'est pas un exemple
isolé. Le soin apporté aux enceintes, aux cours, est
très net sur l'Acropole. Il traduit la volonté de
ménager des paliers, des vues, de mettre chaque édifice
à sa place et en valeur dans un ensemble organisé. Il
traduit un soin, un désir constant et certain d'urbaniste.
B. Le temple grec, plan et types
Le temple, naos, par opposition à hiéron,
sanctuaire, n'est pas l'édifice où se rassemblent les
fidèles, on n'y célèbre pas de
cérémonies. C'est la demeure obscure, secrète, de
la statue, et l'endroit où sont entreposés les objets
précieux qui lui ont été confiés. Le
naos n'apparaît qu'assez tard parmi les
éléments du sanctuaire.
Le premier temple en pierre dérive d'une construction primitive
en bois, dont l'ancêtre lointain est le mégaron,
salle d'honneur du palais mycénien. Le passage du
mégaron au temple s'est effectué très
lentement, très progressivement.
Quand on décidait de construire un temple, il fallait consulter
un oracle, la Pythie de préférence. Ce temple devait
être construit sur une hauteur et dans un endroit
découvert. Très vite, le temple va prendre et conserver un
plan classique et généralisé, avec trois divisions
fondamentales :
- le pronaos ou antichambre,
- la cella ou salle de la statue,
- l'opisthodome ou salle du trésor.
Eventuellement s'ajoute
- l'adyton, salle souterraine.
Le Parthénon seul fera exception.
La disposition extérieure des temples est très
différente.
Les temples aptères
Aptère signifie sans ailes, c'est-à-dire sans
colonnades sur les côtés.
On distingue trois catégories de temples aptères.
1 - les temples à antes (in antis)
Les murs aveugles des côtés longs sont prolongés
jusqu'à la façade, généralement
renforcés de contreforts qui encadrent deux colonnes centrales
2 - les temples prostyles
Toute la façade du temple forme une colonnade. Le temple est dit
tétrastyle s'il comporte quatre colonnes, hexastyle
s'il en comporte six.
3 - les temples amphiprostyles
Le temple comporte une colonnade devant et une colonnade
derrière. Cette colonnade est dite là aussi
tétrastyle ou hexastyle.
Le naos périptère
Le temple périptère est entouré d'une colonnade ou
péristyle. Tous les temples périptères sont
hexastyles et comportent onze colonnes sur les côtés longs.
Tous les temples ont des proportions identiques. Le rapport longueur sur
largeur est fixe. Dans le naos périptère, la partie du
temple limitée par les murs s'appelle le sékos.
Une variante : le naos diptère : deux colonnades
de chaque côté, automatiquement octostyles (huit colonnes).
La façade
C'est la colonnade qui détermine l'ordre du temple ou son
style.
Cette colonnade repose sur un élément horizontal, plat, le
stylobate.
Le fût de cette colonne, son corps, est le tambour qui peut
reposer directement sur le stylobate - c'est généralement
le cas des temples doriques - ou bien au pied du tambour, il peut
y avoir une base - c'est la cas des ordres ionique et
corinthien.
Le tambour est généralement cannelé. Ou bien ces
cannelures sont à arêtes vives, ou bien elles sont à
arêtes aplaties, on dit alors à méplats.
Le tambour se termine à son sommet par l'échine qui va
déterminer l'ordre.
- Si l'échine est plate, l'ordre est dorique.
- Si l'échine présente des volutes, l'ordre est ionique.
- Si l'échine est ornée de feuilles d'acanthe, l'ordre est corinthien.
Au-dessus de l'échine, quadrangulaire, l'abaque ou
tailloir.
La colonnade, par l'intermédiaire des tailloirs des colonnes,
supporte l'architrave où figurent trois bandeaux.
Au-dessus de l'architrave vient la frise, les deux ensemble
formant l'entablement. La frise est faite de l'alternance de deux
éléments, les métopes,
généralement sans sculpture, et les triglyphes,
sculptés de cannelures à méplats. Dans les temples
ioniques, la frise est continue.
Au-dessus de la frise, une bande en saillie qui possède des
sortes de cannelures est appelée le larmier. Au-dessus du
larmier, un élément triangulaire, le fronton,
orné d'acrotères.