II. Les principaux sanctuaires panhelléniques
2. Délos
A. Histoire
Délos tire sa fortune de deux faits : la légende
apollinienne d'abord, la situation de l'île au milieu des Cyclades
ensuite.
La légende fait de Délos la patrie même d'Apollon.
C'est là qu'il serait né. Ce fut très tôt le
rendez-vous des insulaires de l'archipel qui firent autour du premier
sanctuaire une amphictyonie. Athènes s'introduisit bientôt
sur un pied d'égalité avec les autres participants.
Le sort de Délos éclate littéralement après
la deuxième guerre médique quand l'île devient le
centre de la ligue, ou confédération qui porte le
même nom. L'île a alors la garde du trésor
fédéral, jusqu'en 454. Athènes prend alors une
place de plus en plus importante, avec des décrets autoritaires
qui gênent la vie délienne et subordonne les
Déliens.
Devant les velléités de résistance en 452, les
Déliens sont déportés en masse. La guerre va leur
donner l'occasion de se libérer. Ils font appel à Sparte,
et après 404, défaite d'Athènes, la
confédération est dissoute. En 378, Athènes forme
une seconde confédération, caricature de la
première. Le sanctuaire est négligé. En 315,
Délos devient, à la période hellénistique,
maîtresse de sa destinée. C'est alors, de 315 à 166,
l'époque la plus connue de la vie de l'île, et sans doute
la plus favorable.
L'hégémonie est passée à l'Egypte lagide.
Délos va connaître alors, dans le système des
relations maritimes méditerranéennes, un rôle de
tout premier ordre.
Délos est alors plus ou moins un protectorat de l'Egypte, de
Rhodes, de la Macédoine, mais économiquement, la ville
paraît libre de ses activités.
Les activités sont essentiellement des activités de
transit, des activités d'entrepôt. Délos devient un
marché d'une importance exceptionnelle, un marché
d'esclaves en particulier.
Le sanctuaire reprend de la vigueur, mais très vite, le dieu a
des rivaux dans l'île même, ce qui est normal, étant
donné le cosmopolitisme à tendance orientale de
l'île d'Apollon.
Après la conquête romaine, Délos continue sur sa
lancée économique. La ville est déclarée
port franc et le restera jusqu'en 69.
La manifestation la plus importante est l'arrivée de la
théoria, ambassade sacrée, qui arrivait sur la
galère paralienne et apportait généreusement des
offrandes somptueuses.
B. Description
Aujourd'hui, Délos est une petite île presque
inhabitée, brûlée par le soleil, et, on peut le
dire, dénudée.
Les fouilles ont été entreprises par l'Ecole
française d'Athènes, mais elles ne nous permettent qu'une
reconstitution très rudimentaire du sanctuaire. Nous n'avons que
des substructures de monuments.
Le sanctuaire d'Apollon se trouvait au fond du port sacré,
aujourd'hui ensablé, d'où les pélerins
débouchaient dans le sanctuaire. Sa forme générale
est celle d'un trapèze : 230 m Est-Ouest, 180 m Nord-Sud.
Nous avons là un double sanctuaire : le
téménos d'Apollon renferme au sud un
téménos d'Artémis.
La voie sacrée longe sur sa gauche, et sur sa droite, en 1, la
statue colossale d'Apollon.
En 2 le grand temple d'Apollon, coeur du sanctuaire. Il s'agissait d'un
édifice dorique, remanié au IVe siècle.
En 3, le temple des Athéniens, appelé temple des sept
statues, où fut conservé jusqu'en 454 le trésor
fédéral.
En 4, un temple archaïque, reste probablement d'un sanctuaire assez
ancien, et ce temple était suivi, en arc de cercle, par six
petits édifices (5), dont les deux derniers étaient
allongés qui étaient vraisemblablement des trésors.
En 6, le plus grand édifice de Délos, le sanctuaire, ou
portique des taureaux.