L'HELLÉNISME SOUS LA DOMINATION OTTOMANE
B. Au XVIIIe s. : L'hellénisme asservi change de situation
4. Extension de l'éducation : la création artistique
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L'église de l'Apparition à Zante. Dans les
régions soumises à l'occupation vénitienne, les
influences européennes sur l'art étaient directes. Nous
avons ici un bâtiment de style renaissant avec une façade
baroque, qui date de 1659. |
En même temps que l'épanouissement économique et la
formation de la société qui seront étudiés au
prochain chapitre, et sous l'influence de la tendance européenne, surtout
française, à la propagation de l'éducation, à partir
de la seconde moitié du XVIIIe s., on commence à observer un
épanouissement de l'enseignement également sur le territoire de
l'hellénisme. Cet épanouissement était plus important dans
les colonies et moindre dans les régions asservies : fondation
d'écoles et d'universités, accroissement de l'édition et de
la vente de livres, augmentation du nombre des Grecs qui étudiaient dans
les écoles ou qui faisaient des études dans les universités
d'Europe, une fois acquis un certain pouvoir économique, au moins pour
une partie de la population. Cet intense effort pour l'extension des bienfaits
de l'éducation a culminé à l'approche de la fin de la
turcocratie : outre les écoles des colonies qui connurent un essor accru,
des universités connurent aussi un développement important dans
les grandes villes grecques (Ioannina, Missolonghi, Athènes, Chio,
Smyrne, etc.) tandis que se multipliaient des écoles qui enseignaient les
connaissances élémentaires, lecture, écriture et
calcul.
Sainte Anne, de N. Koutouzis à Zante.
Thème religieux traité avec une certaine liberté artistique.
Dans les régions soumises à l'occupation vénitienne, la
peinture et les autres arts ont connu un essor bien plus important que dans
celles qui étaient occupées par les Turcs. |
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Cependant, au-delà de ce changement quantitatif, l'enseignement de
l'hellénisme fut influencé de manière qualitative par le
nouvel esprit européen : on introduit dans l'enseignement grec des
disciplines scientifiques : physique, chimie, mathématiques, et en
même temps, chaque mouvement éducatif commence à
obéir à l'idée que l'instruction apporte la liberté.
Naturellement, l'introduction des nouvelles disciplines et l'émancipation
de l'enseignement par rapport aux cadres religieux stricts rencontra des
oppositions, surtout de la part de l'église officielle et des milieux
intellectuels conservateurs. Dans le domaine de la création artistique,
on notera les points suivants : jusque vers la fin du XVIIe s., la peinture
fut presque exclusivement religieuse, mais assez différente du
passé dans la mesure où elle essaya, jusqu'à un certain
point, de s'écarter de la raideur byzantine des formes. Dans les
régions soumises à la puissance vénitienne, cette
libération fut plus facile, ainsi que l'imitation des originaux
européens. Dans le reste du monde grec, à partir du XVIIIe s., on
assiste à un progrès, dans les sujets et les techniques, de l'art
populaire (peinture, arts appliqués, broderie, architecture etc.).
Signalons enfin que la création artistique fut particulièrementt
florissante dans les villes et les régions où régnait la
prospérité économique, issue principalement du commerce et
des activités artisanales, et où l'influence de l'Europe
occidentale était immédiate (îles Ioniennes et Crète
jusqu'à la fin du XVIIe s.).
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Fresque d'une maison de maître à Castoria. La
peinture populaire a connu un important essor au XVIIIe s. et a
donné des exemples remarquables de la sensibilité
populaire. |
C. Société et idéologie : Les orientations de la bourgeoisie grecque
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