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I. Le Grec et ses dieux

La religion grecque nous apparaît comme le grand (le seul ?) élément d'unité entre les Grecs. Tout était imprégné de pensée religieuse. C'était le centre autour duquel gravitait toute l'activité du monde grec. Etudier la religion, c'est essayer de comprendre le Grec.

1. Complexité de la religion grecque

  1. Religion du peuple et religion des élites

    Un des caractères les plus remarquables de l'évolution religieuse en Grèce réside dans la coexistence permanente, jusqu'à la fin de l'époque classique, des pratiques les plus anciennes et des tendances les plus révolutionnaires. Le génie grec a refusé de laisser disparaître les croyances primitives, si barbares fussent-elles.

    Cela reflète l'opposition toujours présente entre la dévotion populaire, entachée de superstition, de magie, et la religion des élites.

    Les classes sociales les moins évoluées et surtout les ruraux appliquent consciencieusement, régulièrement, perpétuellement, des rites dont le sens leur échappe, auxquels ils sont attachés par la routine et la peur tragique de mal faire. Ces basses classes ont de petites divinités familières, avec lesquelles elles vivent quotidiennement en bons rapports. Tout cela très naturel, très terre-à-terre, destiné à se procurer un secours immédiat dans les difficultés quotidiennes, à protéger la famille et la récolte. Tout cela encore au niveau d'esprit simple qui sent près de lui des forces obscures mais supérieures avec lesquelles il vaut mieux être en bons termes. Ces forces obscures sont matérialisées et adorées dans les objets les plus grossiers. On adore des pierres brutes, survivance du culte bétylique, des piliers de calcaire.

    L'élite intellectuelle introduit petit à petit dans la religion des sentiments, des idées, des conceptions d'une beaucoup plus grande profondeur, et selon deux sens différents

    Chez Périclès, l'interprétation rationnelle sublimise la religion par une sorte d'abstraction morale et intellectuelle qui demeure assez rigide et peu sentimentale.

    L'autre direction nous apparaît avec Platon. L'abstraction intellectuelle fait place au mysticisme qui tend à créer une communion et finalement une fusion totale entre les aspirations intérieures de l'âme et les principes immatériels. Ici, la sensibilité domine, mais ce mysticisme est d'accès presque aussi difficile pour le grec moyen que le rationalisme de Périclès.

  2. Un phénomène alluvionnaire

    La religion grecque n'est pas une religion révélée, c'est-à-dire apportée d'un seul coup par un prophète ou un mage et qui s'impose immédiatement. La religion grecque n'a jamais été codifiée dans un livre. Elle n'est pas exercée par une caste fermée ou une église. Tout citoyen peut être prêtre. Ces gens-là n'ont pas de dogme à connaître, à défendre ou à respecter.

    La religion grecque est faite de mythes qui ont pour but une interprétation du monde, de l'homme et de son destin. Ils ont jailli du cœur même des populations diverses qui peu à peu se sont mêlées sur le sol de la Grèce. Elle est donc faite, cette religion, de croyances successives qui s'accumulent sans se détruire.

    Chaque envahisseur amène ses dieux et ses croyances ; il cherche à les imposer, mais il sait qu'il faut tenir compte des dieux antérieurs, ce qui prouve qu'il n'est pas trop sûrs des siens... On adopte par petits morceaux, ou par identifications, par un modus vivendi, un gentlemen's agreement...

    Le Grec s'est interrogé sur la complexité de la religion : pourquoi fait-on ça ? On l'invente : ce sont les aitiai, les récits qui expliquent les causes.

 

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