Index LES AMAZONES


personnages mythiques de la force





Les Amazones étaient une nation de femmes descendant d'Arès, le dieu de la guerre, et de la nymphe Harmonie. Leur royaume était situé au nord, sur les pentes du Caucase, en Thrace, ou en Scythie, sur les rives du Danube. Elles vivaient seules, traitant les hommes en esclaves, et pour perpétuer leur race, s'unissaient à des étrangers. Elles tuaient leurs enfants mâles à la naissance, alors qu'elles pratiquaient sur les filles l'ablation du sein droit, qui les gênerait pour tirer à l'arc ou lancer le javelot. C'est cette coutume qui est à l'origine de leur nom, le mot grec a-mazone signifiant sans poitrine. Elles adoraient la déesse Artémis, car elles vivaient comme elle, sans mari, à la campagne, s'occupant de guerre et de chasse.

La mythe des amazones est l'image d'un monde à l'envers, où les femmes méprisent leur rôle féminin d'épouse et de mère pour se livrer à des activités éminemment masculines, y compris en élevant leurs filles comme des guerrières, et qui n'étaient gouvernées que par leur propre reine.

Dans la poésie antique et dans l'iconographie, la plupart des scènes qui représentent des individus, et particulièrement les femmes, ne marquent aucune différence entre l'imagination et la réalité quotidienne vécue par l'artiste. Les scènes où Thétys donne à Achille son armure, les images de Pénélope au métier à tisser, ou d'Alceste et Eriphyle à la maison, sont des extensions de la réalité quotidienne qui ne sont élevées au niveau du mythe que par la vertu du nom des personnages représentés ; sinon, elles auraient pour titre " femme et guerrier ", ou simplement " femme ".

A l'inverse, l'image renversée des Amazones ou des Ménades retourne la réalité et par conséquent, qu'elles soient nommées ou non, elles se doivent d'être sauvages et barbares, étrangères, et opposées au modèle de la bonne mère et de la bonné épouse. Les reines des Amazones, porteuses d'un nom, comme Antiope, Hippolyte ou Penthésilée doivent rendre les armes, être vaincues ou enlevées afin que soit préservée l'assurance de l'autorité masculine, l'équilibre des structures sociales de la cité-état et la supériorité des Grecs sur les étrangers et les barbares.

La victoire du mâle apporte l'affirmation, et la sexualité agressive est en attente, trouvant son expression au niveau de la guerre, et fondée sur la compétition et la force, ses symboles se référant aux périodes antérieures, à l'âge mythique où les femmes étaient indépendantes et par conséquent dangereuses. L'assujettissement de la femme pacifie l'Ordre, restaure l'Equilibre.

Les héros se permettent de tomber amoureux au moment où les femmes sont sans pouvoir. Le regard ultime, mourant de Penthésilée inspire un amour ardent, érotique, à un Achille sans amour, jusqu'à ce qu'elle traverse pour toujours le seuil du non-être.

    Et le coeur même d'Achille fut déchiré
    Du remords amoureux d'avoir tué si doux objet,
    Qui pût avoir porté sa maison, sa royale épouse,
    A Phthia glorieuse en chars, car elle était
    Sans défaut, véritable fille des Dieux,
    Divinement grande, et fort divinement belle.
       Quintus de Smyrne, 1, 666-674

 

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© MINISTÈRE GREC DE LA CULTURE - ICOM - COMITÉ NATIONAL HELLENIQUE
De Medée à Sapho - Femmes rebelles de la Grèce Antique
Athènes, Musée Archéologique National - 20 Mars - 30 Juin 1995