Chapitre 5 |
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Les instruments de musique
Dans la Grèce antique, le chant était d’ordinaire
accompagné d’un instrument de musique, aulos ou lyre. Les Grecs
n’appréciaient guère les grandes formations instrumentales,
considérant que plusieurs instruments réunis tendaient à
couvrir la voix humaine. Il arrivait que l’on joue d’un instrument en solo pour
lui-même, mais en règle générale, les instruments de
musique étaient surtout là pour accompagner le chanteur.
Les instruments de musique antiques se divisent en trois catégories
principales : les instruments à cordes, les instruments à
vent et les instruments à percussion.
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On distingue trois « familles » d’instruments à
cordes : la famille de la lyre, la famille du psaltérion et la
famille de la pandoura.
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Elle comprend des instruments à cordes de longueur égale, dont
on joue d’ordinaire à l’aide d’un plectre.
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La lyre |
Elle était fabriquée dans une caisse de
résonance qui ressemblait à une
carapace de tortue :
en effet, conformément à la tradition, la première lyre fut
fabriquée dans une véritable carapace de tortue. Sur la face
concave de la caisse, on tendait une membrane en cuir de bœuf. De part et
d’autre de la caisse de résonance, étaient fixés les
montants, deux bras recourbés qui étaient réunis dans leur
partie supérieure par une pièce de bois, le joug (zygos).
Les cordes, de longueur égale mais d’épaisseur différente,
étaient faites en boyaux ou en tendons d’animaux et à une
période plus ancienne en lin ou en chanvre. Elles étaient
attachées par un nœud sur une petite barre transversale le
chordotonos (le cordier ou sommier ), passaient par le magas
(chevalet) et aboutissaient au zygos (joug) où elles
étaient accrochées aux collopès (lanières ou
chevilles d’attache), autrement dit les clés.
L’instrumentiste tenait la lyre légèrement inclinée,
fixée à son bras gauche par un baudrier. De la main droite, il
faisait vibrer les cordes avec un plectre et, de la main gauche, il en
étouffait la vibration.
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Le barbiton |
Cet instrument ressemblait beaucoup à la lyre, si ce
n’est qu’il était plus étroit et avait des bras
beaucoup plus longs.
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La cithare |
Nettement plus grande que la lyre et plus complexe dans sa fabrication,
c’était l’instrument des musiciens professionnels, alors que la lyre
était plutôt réservée aux amateurs. Elle
présente une caisse de résonance de dimensions importantes et des
bras compacts. Dans sa forme la plus ancienne (cf. la phorminx), elle
avait trois cordes. Au VIIe siècle av. J.- C., on adopta la
cithare à sept cordes. Un siècle plus tard, on lui en ajouta une
huitième et, à l’époque classique, les virtuoses de la
cithare multiplièrent encore le nombre des cordes, pour accroître
les possibilités de leur instrument. |
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La phormynx |
C’était l’ancêtre de la cithare. Dotée de trois ou
quatre cordes et d’une simple caisse de résonance en forme de croissant,
elle était l’instrument des
aèdes. |
La famille du psalterion (harpes) |
Elle comprend les instruments à plusieurs cordes, de forme
triangulaire, qui étaient pincés avec les doigts nus.
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Le trigone (trigonos) ou harpe |
Instrument très ancien dans le monde égéen, le
trigone comportait plusieurs cordes de longueur différente. Le musicien
en jouait assis, appuyant le trigone sur ses genoux et pinçait les cordes
avec les doigts. C’étaient habituellement les femmes qui jouaient de cet
instrument. |
La famille de la pandoura (sorte de luth) |
Elle regroupe des instruments à trois cordes, avec une petite caisse
de résonance et un bras unique, relativement long.
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La pandoura |
On jouait de cet instrument, appelé aussi trichordon,
à l’aide d’un plectre. Originaire d’Asie Mineure, il n’occupait, semble-t-
il, qu’une place secondaire dans la musique grecque antique. |
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Dans les instruments à vent, on distingue aussi trois
« familles » : la famille de l’aulos, la
famille de la syrinx et les instruments à vent simples. |
Appartiennent à cette catégorie les instruments à
anche.
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L’aulos |
L’aulos, un des plus anciens instruments du monde grec, était
l’instrument à vent le plus répandu chez les Grecs anciens.
Il était fabriqué dans divers matériaux : on
trouvait des auloï en buis, en bois de lotus, en os, en bois de
cerf ou en ivoire, des auloï en métal, ou encore en bois ou
en os avec un revêtement de métal.
Le corps principal de l’aulos était un tuyau cylindrique
percé à intervalles réguliers de trous (trypimata)
Dans certaines variantes, l’extrémité inférieure
s’évasait en un pavillon (kodon). À
l’extrémité supérieure s’adaptait l’embouchure dans lequel
s’enfilait l’anche, tantôt simple (comme dans l’actuelle clarinette) et
tantôt double (comme dans le hautbois). Les auloï les plus anciens
ne comportaient qu’un petit nombre de trous (trois ou quatre) mais plus tard, ce
nombre s’accrut, enrichissant la capacité mélodique de
l’instrument. Il fallut alors lui ajouter des viroles, analogues à nos
clés, c’est-à-dire de petits doigts en métal qui
tournaient, ouvrant ou refermant les trous, et permettaient à
l’instrumentiste de jouer sur une même flûte diverses gammes
musicales.
L’aulète portait habituellement une courroie de cuir, la
phorbeia, qui passait au-dessus des joues (se complétant parfois
de deux attelles passant au-dessus de la tête), ménageant un
orifice au niveau de la bouche et s’attachait derrière la tête.
L’aulos pouvait se jouer seul (monaule) ou par paires
accouplées (aulos double). Dans le second cas, le joueur tenait un
instrument dans chacune de ses mains. |
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Le plagiaule ou aulos latéral |
Analogue à l’aulos simple, le plagiaule comportait une
anche à l’embouchure, mais au lieu de se trouver à
l’extrémité supérieure de l’instrument, celle-ci
était placée sur le côté. L’instrumentiste jouait
donc en tenant le plagiaule obliquement, comme son nom l’indique (plagios
en grec signifie oblique), à la manière des flûtistes
actuels. Parfois, on jouait du plagiaule comme de la syrinx, sans anche, et il
portait alors le nom de photinx.. |
Elle regroupe les instruments à vent qui se jouent sans anche.
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La syrinx monocalame |
C’était un instrument très simple dont jouaient
habituellement les bergers. Elle était constituée d’un roseau
percé de quelques trous, ouvert aux deux extrémités. En
soufflant directement dans l’ouverture supérieure, le musicien produisait
un son léger, suave et quelque peu sifflant. |
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La syrinx polycalame ou flûte de Pan |
Comme la syrinx monocalame, c’était un instrument cher aux
bergers, fabriqué en roseau. Les roseaux, généralement au
nombre de sept, étaient assemblés à l’aide de lin et
fermés par un bouchon de cire. La longueur des roseaux était
décroissante, ce qui permettait de rendre les différentes hauteurs
des notes. Dans certaines syrinx où les roseaux étaient
d’égale longueur, on coulait de la cire au fond du tuyau pour diminuer la
longueur de la colonne d’air.
La syrinx polycalame peut être considérée comme le
lointain ancêtre d’un instrument à touches, appelé
l’hydraule (ou aulos à eau). Inventé par
l’ingénieur Ctésibios, c’était, comme le note un de ses
élèves, Philon de Byzance, « une syrinx dont on jouait
avec les mains ».
Cet instrument se composait de deux ou plusieurs séries
d’auloï de longueur décroissante, placés debout sur
les touches. Sous les auloï, se trouvaient un réservoir d’eau
et une pompe à air. Le son était produit par la pression
hydraulique de l’air qui se transmettait dans les auloï.
L’hydraule de
Ctésibios
fut l’ancêtre de l’orgue et du piano. |
Les instruments à vent simples |
Ces instruments rendent un seul son produit par les lèvres de
l’exécutant.
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La salpinx et le kéras |
Il s’agit d’un instrument à vent très long, sans trous,
terminé à son extrémité inférieure par un
pavillon et muni à son extrémité supérieure d’une
embouchure.
D’ordinaire, la salpinx ou trompette était fabriquée ou
bien en airain et était alors droite ou bien en corne et était
alors recourbée. La salpinx en corne porte le nom de
keras. La salpinx n’était pas utilisée à des
fins artistiques mais principalement dans les batailles, comme instrument
d’appel guerrier, et sur l’agora par les hérauts. On en fait aussi usage,
mais plus rarement, dans les sacrifices et les cérémonies. |
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Les instruments à percussion |
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Cette catégorie regroupe divers instruments utilisés pour
donner le rythme. La plupart avaient une origine orientale et étaient en
usage dans les cultes orgiaques de Bacchus et de Cybèle. |
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Le tympanon ou tambourin |
C’était un cylindre en bois, couvert d’une membrane tendue sur un
ou deux côtés. C’étaient en général les femmes
qui en jouaient, avec la main : elles frappaient la membrane du bout des
doigts ou avec les phalanges. |
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Les crotales |
Constituées de deux morceaux concaves de bois, de métal, ou
de terre cuite, elles étaient utilisées comme les castagnettes
modernes pour donner la cadence aux danseurs dans les cérémonies
en l’honneur de Dionysos et de Cybèle. |
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Les cymbales |
C’était une paire de disques métalliques concaves. Sur la
partie externe, elles étaient munies d’un anneau dans lequel le musicien
passait le doigt. Elles étaient parfois attachées l’une à
l’autre par une courroie ou une chaîne. |
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Le sistre |
Cet instrument, d’origine égyptienne, sorte de crécelle,
était caractéristique des cérémonies en l’honneur
d’Isis. Constitué d’un cadre en forme de fer à cheval sur lequel
étaient fixées trois ou plusieurs baguettes où
étaient enfilées des clochettes ou des cymbales, il était
fixé sur un manche. Le sistre servait aussi de hochet pour les
bébés. |
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Les kodonès ou cloches |
Fabriquées en bronze, ou en terre cuite, elles se divisaient en
deux catégories : le kodonas simple dont on jouait à
l’aide d’un petit marteau, sauf s’il avait une anche à
l’intérieur, et le kodonas complexe, constitué d’une
série de cloches, dont on jouait à l’aide d’une baguette de
bois. |
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La croupeza |
C’est une sorte de claquette que les aulètes ajustaient à
la semelle de leur chaussure pour garder le rythme, tout en jouant de
l’aulos. |
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Copyright © 2003 MINISTÈRE HELLÉNIQUE DE LA CULTURE |
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