La musique dans la vie privée des Grecs anciensDans l’Antiquité, la musique et les chants étaient présents à tous les instants de la vie, les plus solennels, comme les plus quotidiens. Compagnons dans la joie, les réjouissances, le deuil ou le travail... La musique, compagne de la joie des nocesDans la Grèce antique, comme dans la Grèce moderne, on ne concevait pas de mariage sans musique, chants et danse. C’est au son de la musique que le rituel de la loutrophorie se déroulait, autrement dit le transport d’eau d’une source sacrée ou d’une rivière pour le bain des futurs mariés. Musique et chants accompagnaient également les préparatifs de la mariée. Le jour du mariage, les amies de la mariée se rassemblaient dans le gynécée et, pendant tout le temps où l’on parait la jeune épousée, elles jouaient de la musique et chantaient, tantôt des chants joyeux qui vantaient les vertus de la jeune fille et les joies de l’amour, tantôt des chants mélancoliques évoquant la séparation de la jeune mariée d’avec sa famille et ses amies. La partie centrale du rituel, la « conduite » de la mariée de la maison de son père à celle de son époux, se faisait elle aussi avec un accompagnement musical. Dans un passage de l’Iliade, nous lisons la description d’un cortège nuptial : « Des épousées au sortir de
leur chambre sont menées par la ville Au moment où la jeune mariée quittait sa maison, ses amies et sa famille, brandissant des torches allumées, lui chantaient l’hyménée, un chant de mariage joyeux, au son d’auloï, de lyres, de crotales, et d’autres instruments : « Hyménée ! levez haut la porte de la maison
Le cortège, formé par les jeunes mariés, les invités qui dansaient et chantaient et les musiciens, traversait les rues de la cité et arrivait jusqu'à la maison du marié. Là, le couple se retirait dans la chambre nuptiale (thalamos), tandis que les amies célibataires de la mariée, debout derrière la porte fermée, entonnaient l’épithalame, vantant les vertus du couple. La musique, compagne des réjouissances« Tant que tu es en vie, sois resplendissant Les banquets, l’une des distractions favorites des Grecs anciens, étaient par excellence une affaire d’hommes puisque les dames n’y étaient pas admises. Les seules femmes autorisées à prendre part aux banquets athéniens étaient les hétaïres, les joueuses d’aulos et les danseuses que le maître de maison invitait pour distraire ses hôtes. Dès que le dîner était fini, les convives faisaient des libations aux dieux et le banquet proprement dit commençait par un péan entonné par tous les convives. Ensuite, le maître de maison présentait un rameau de laurier ou de myrte à un des convives, l’invitant ainsi à chanter ou à déclamer quelque chose. Le rameau passait de main en main, offrant à tous les assistants l’occasion de faire une petite démonstration de leur éducation musicale. Un aulète professionnel accompagnait les chanteurs, mais certains avaient suffisamment de connaissances musicales et de talent pour s’accompagner eux- mêmes à la lyre ou à la harpe.
La musique, compagne dans le deuilLa musique et le chant, compagnons des Grecs anciens dans tous les moments importants de la vie, ne sauraient être absents du dernier acte de l’existence : les funérailles. Le cérémonial des funérailles en Grèce ancienne se déroulait en trois étapes : la prothesis (ou exposition), l’ekphora (ou convoi funèbre) et enfin l’inhumation. Au cours de l’exposition, on étendait sur un lit le mort, paré de ses plus beaux vêtements, couronné de fleurs et on chantait : « Ils ramènent la dépouille dans sa noble demeure ; ils l’y déposent Les vers homériques qui décrivent la prothésis d’Hector établissent une distinction entre les thrènodoi (pleureuses à gages) et les femmes apparentées au défunt qui pleuraient le héros. Les pleureuses professionnelles chantaient, contre rémunération, des hymnes funèbres et leur participation aux enterrements conférait un certain prestige à la famille.
La musique, compagne du labeurLa peine, la fatigue et la monotonie du travail devenaient plus légères grâce au chant. Les femmes avaient l’habitude de chanter en moulant les céréales, en pilant les graines dans le mortier, en tissant sur le métier. Les bergers chantaient et jouaient de la flûte de Pan pour égayer leur solitude. Rythme et exercice
Chansons enfantinesLa musique et le chant n’étaient pas uniquement l’affaire des adultes mais concernaient aussi les enfants. Encore bébés, ceux-ci s’initiaient à la magie de la musique, en écoutant les berceuses que leurs mères et leurs nourrices (trophoi) leur chantaient. En grandissant dans le gynécée, ils entendaient souvent les femmes de la famille jouer d’un instrument de musique ou chanter tout en vaquant à leurs tâches. Eux- mêmes apprenaient les premières chansons enfantines qui accompagnaient les jeux. Dans de nombreuses régions de Grèce, à certaines dates de l’année, les enfants allaient de maison en maison en chantant des chansons comme aujjourd’hui encore ils chantent des Noëls, recevant en échange des cadeaux et des friandises. A Athènes, lors de la fête des Pyanepsia, les enfants chantaient l’ eirésioné, en promenant une branche d’olivier ou de laurier, appelée elle aussi eirésioné, décorée de rubans de laine et chargée de fruits de toutes sortes. « L’eirésioné porte des figues, des pains gras,
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