Chapitre 2

La musique dans la vie publique des Grecs anciens

Auloï (Flûtes) et lyres dans les fêtes publiques

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Cérémonie religieuse. Une femme se tient debout devant l’autel, tenant dans sa main droite une oenochoé et maintenant de la main gauche sur sa tête une corbeille contenant les récipients indispensables à la cérémonie. Derrière elle, un garçon arrive menant la brebis au sacrifice. Deux jeunes musiciens suivent. L’un d’eux joue de l’aulos double et l’autre la lyre. Des femmes brandissant des rameaux festifs ferment le cortège. Toutes les figures portent des couronnes sur la tête. La représentation provient d’un tableau en bois, découvert dans une grotte près de Sicyone (Corinthe). Date vers 540 av. J.-C. Athènes, Musée Archéologique National.

L’exécution de musique en public était indissolublement liée au culte des dieux, aux grands cortèges publics et aux sacrifices solennels.

Le cortège (ou pompe), un des aspects fondamentaux du rituel, qui accompagne les grands événements de la vie sociale des Grecs anciens. Le cortège des fidèles a été accompagné par des musiciens, habituellement des joueurs d’aulos et un ou plusieurs chœurs qui chantaient des hymnes en l’honneur de la divinité honorée ce jour- là. La cérémonie trouvait son aboutissement devant l’autel où les prêtres accomplissaient le sacrifice d’animaux aux dieux, toujours au son de musiques et d’hymnes cultuels. Venait ensuite la fête proprement dite, au cours de laquelle les participants mangeaient la viande des animaux sacrifiés, dansaient et chantaient.

Péans et dithyrambes

Dans la Grèce antique, les chants religieux les plus courants étaient au nombre de deux : le dithyrambe et le péan.

Le dithyrambe était le chant cultuel en l’honneur du dieu Dionysos. Issu des chansons improvisées par les fêtards ivres, il devint à partir du VIe siècle le principal hymne du dieu, composé désormais par des poètes distingués.

Le péan constituait le principal chant sacré dans certaines fêtes, comme par exemple la fête des Panathénées, sans être toutefois un chant exclusivement religieux. Il s’adressait dans la plupart de cas à Apollon qui, sous le surnom de Péan, était adoré en tant que dieu-sauveur. Il pouvait aussi être adressé à d’autres dieux, ou même à des hommes dont le peuple escomptait le salut.

Concours musicaux

Dans de nombreuses grandes fêtes religieuses, avaient lieu des concours musicaux qui comportaient des épreuves de musique, de chant, de poésie et de choria, pendant laquelle des groupes d’hommes, d’enfants ou de jeunes femmes dansaient et chantaient au son de l’aulos.

Le programme des concours musicaux, susceptible de varier selon l’endroit et l’époque, comportait habituellement, dans sa partie musicale essentielle, des concours de citharistique et de citharodie, des concours d’aulistique et d’aulodie, ainsi que des concours de rhapsodie.

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Un aulète qui joue de l’aulos double et un aède prennent part à un concours d’aulodie. Vase à figures noires. Date au VIe siècle av. J.-C. New York, Métropolitan Museum.

Dans la cité d’Athènes, les jeux dramatiques, autrement dit les concours de tragédie et de comédie, occupaient eux aussi une place privilégiée dans certaines fêtes religieuses. Ces concours qui s’inscrivaient dans le cadre des grandes fêtes en l’honneur de Dionysos alliaient la poésie, la musique et la danse, dans un spectacle grandiose. À l’époque classique, pendant les Grandes Dionysies, les spectateurs avaient l’occasion d’assister à des concours de dithyrambe, auxquels prenaient part vingt chœurs, des concours de tragédie, auxquels participaient trois poètes tragiques avec quatre pièces chacun, et des concours de comédie auxquels prenaient part cinq poètes comiques avec une pièce chacun.

Environ 1 150 personnes au total, en tant que danseurs, hypocritès (ou acteurs) et musiciens, tous citoyens libres athéniens, participaient à ces concours.

Remporter une victoire aux concours musicaux était très important pour les compositeurs et les exécutants car, outre le prix décerné, avaient le privilège de voir leurs noms consignés dans les archives officielles du sanctuaire ou de la cité organisatrice des jeux et leur gloire dépassait le cadre éphémère de la vie humaine.

Sonorités guerrières

Dans la Grèce antique, la musique était une des composantes principales de l’éducation des guerriers.

La phalange spartiate des hoplites, cette ingénieuse machine de guerre, marchait au combat au son des auloï qui rythmait leur pas. Pendant la progression de la phalange, le rythme aidait les hoplites à progresser en rangs serrés, sans laisser d’espaces vides, détail capital pour son bon fonctionnement, elle galvanisait le moral des hommes et éveillait chez l’ennemi une crainte sacrée.

De leur côté, les Athéniens utilisaient des aulètes sur leurs navires de guerre, les trières. À leur bord, le joueur d’aulos, appelé trièraulis, donnait la cadence aux rameurs qui lui répondaient par un cri rythmé.

Le péan figurait au nombre des chants que les hoplites et les rameurs sur les trières de guerre avaient coutume de chanter. Ils l’entonnaient lorsqu’ils partaient au combat ou lorsqu’ils en revenaient triomphants. Eschyle, dans sa tragédie Les Perses, met en scène les guerriers grecs en train d’entonner le péan juste avant que ne s’engage la bataille de Salamine :

« Allez, enfants des Grecs,
délivrez la patrie, délivrez
vos enfants et vos femmes, les sanctuaires des dieux,
et les tombeaux de vos aïeux. C’est la lutte suprême ! »

(Eschyle, Les Perses, v. 402)

Phalange d’hoplites qui marche au combat au son des auloï. Vase corinthien. Vers 650-640 av. J.-C. - Rome, Museo Nazionale Etrusco di Villa Giulia.

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