La Flûte

Je m’appelle la flûte et je suis un instrument dans lequel il faut souffler pour obtenir un son. L’air passe par les trous de mon tuyau et quand il se répand dans l’atmosphère, il se change en sonorités très agréables.

La Cithare 

Mais tu dois beaucoup fatiguer l’aulète, parce qu’il faut qu’il souffle très fort pour sortir les belles sonorités dont tu parles.

  La Flûte

Pour ne pas fatiguer l’aulète, et pour ne pas lui abîmer les lèvres, j’ai une petite lanière de cuir avec une ouverture pour la bouche, qui passe par-dessus sa joue et s’attache derrière sa tête.

D’ailleurs, tous les instruments qui appartiennent à ma famille sont des instruments où il faut souffler pour produire un son. Il ne faut pas non plus oublier que les Grecs m’aiment beaucoup et que je les accompagne dans tous les beaux moments de leur vie.

La Cithare 

Mais il y a quand même des gens qui te méprisent parce que tu déformes les visages quand il faut gonfler ses joues comme ça pour souffler ! La déesse Athéna elle-même quand elle t’a fabriquée t’a jetée parce que tu avais déformé son visage. Moi, au contraire, on me considère comme un instrument bien élevé, et c’est moi que choisissent la plupart des enfants qui apprennent la musique. Je ne fatigue pas particulièrement le cithariste. Il suffit qu’il me tienne dans sa main gauche et que de la main droite, avec une petite tige arrondie (le plectre), il pince les cordes qui sont tendues sur mon corps de bois.

  La Flûte traversière

Moi, je ressemble beaucoup à la flûte, sauf qu’on me tient sur le côté pour jouer. C’est pour cela que je considère la flûte comme ma sœur et que je n’admets pas que tu la juges aussi sévèrement.

La Forminx 

Moi, j’appartiens à la même famille que la cithare, mais j’ai été créée avant elle. Nous nous ressemblons beaucoup, sauf que moi, j’ai beaucoup plus d’expérience. Je pense que nous les instruments, nous sommes tous utiles et importants pour la musique.

  La Harpe

Ecoutez moi, moi aussi : je suis la plus grande de tous parce que mes ancêtres ont vécu en ces lieux depuis la plus haute antiquité. Je suis d’accord avec ma sœur la forminx et je crois que vous ne devez pas vous chamailler. Il vaudrait mieux que chacun de nous parle de soi- même au lieu d’essayer de trouver des défauts chez les autres !

La Harpe 

Moi, je suis aimée des femmes, parce que je leurs tiens compagnie et que je les distrais avec mes notes quand elles sont dans le gynécée.

  La Trompette

Moi, bien sûr, je ne peux pas jouer de la musique comme vous, parce quand on me joue, on ne peut faire qu’un son à la fois. Mais je crois que je compte, parce que j’accompagne les soldats à la bataille. La Flûte et moi, nous donnons le rythme au pas des soldats qui marchent au combat et cela les aide à marcher ensemble sans désorganiser leurs lignes. Et puis notre musique les aide à se sentir puissants et à s’avancer avec courage contre l’ennemi.

La Flûte 

C’est très vrai ce que dit la trompette. Mais moi, je me considère comme importante pour une raison de plus : c’est que les hommes m’ont donné une place à part dans leurs cérémonies, au théâtre, dans leurs fêtes, et même aux enterrements !

  La Lyre

Moi, je suis très fière de mes origines divines. C’est un dieu qui m’a fabriquée, le dieu Hermès. Si vous me regardez attentivement, vous verrez que mon corps a la forme d’une tortue, et c’est pour cela que mon premier nom était chélys, ce qui veut dire tortue. Ensuite, le dieu Apollon m’a prise, et m’a donnée à son fils Orphée. Dans les bras d’Orphée, j’ai vécu des moments magiques. Orphée, en jouant avec moi, a réussi quelque chose d’unique : les bêtes sauvages s’apprivoisaient, les poissons sautaient hors de l’eau et les oiseaux se rassemblaient autour de lui !

La Flûte de Pan 

Lyre, c’est très beau, ce que tu nous racontes. Je suis un instrument à vent, mais je suis faite de sept roseaux liés ensemble avec du lin. Nous n’appartenons pas à la même famille, mais je crois que nous avons une chose en commun : moi aussi j’ai des origines divines. C’est le dieu Pan qui m’a créée. Avec ma sœur, la Flûte à un seul roseau, nous accompagnons les bergers, et avec notre musique, nous leur faisons oublier leur solitude.

  Les Crotales

Moi, je vous parlerai comme représentant de la famille des instruments à percussion, qui compte pas mal de membres. Il y a les cymbales, le tambourin, le sistre et les autres.

La Cithare 

Je ne crois pas que vous fassiez beaucoup de bruit, pour vous croire aussi importants.

  Les Cymbales

Cela veut dire que tu juges les autres d’après toi-même ! Mais je vais te prouver que nous sommes nous aussi des instruments importants. Nous avons seulement un rôle différent de celui des instruments à corde, les membres de ta famille. Nous ne faisons pas seulement du bruit, comme tu l’affirmes, mais notre son donne du rythme et nous donnons de la vie à la danse. C’est pourquoi les danseurs nous aiment tant.

La Cithare 

Les enfants, maintenant que vous nous connaissez tous, je voudrais vous demander de ne pas m’en vouloir d’avoir été désagréable avec la flûte et avec les percussions. Je voulais seulement les taquiner. Au fond, j’aime tous les instruments et je les considère comme mes collègues. D’ailleurs, nous appartenons tous à une seule grande famille. Notre but était de servir Apollon et les Muses, d’accompagner les hommes avec notre musique et d’embellir leur vie.