Niveau supérieur Suite Retour
Sommaire Histoire Grecque Antique
Composition
Catégories
Puissance économique
Le rôle politique
Sommaire Sanctuaires panhelléniques
Sommaire Histoire grecque antique
Accueil Grectel

I. Caractères généraux
des sanctuaires classiques

 

Au temple (naos) où est enfermée la statue de la divinité s'oppose le hiéron, lieu consacré, endroit public où se rend le culte. Le naos est un des contenus du hiéron.

Les plus anciens sanctuaires ont été des grottes, des crevasses, comme en Crète sur le Mont Ida, en Cynthie, à Delphes les Phédriades, ou dans les flancs de l'Acropole. Ceux de Crète sont consacrés à Zeus, ceux de Delphes à Apollon, l'antre de Phrygie à Déméter, les cavernes de l'Acropole à Athéna.

D'autres sanctuaires sont des lieux de culte de plein air, souvent de simples enclos avec un ou plusieurs arbres sacrés.

Ajoutons les chapelles des palais mycéniens, et, dans la maison, l'endroit où se situent les foyers : le mégaron.

A. Composition d'un sanctuaire

Le téménos

L'aire, parfaitement et religieusement délimitée, et consacrée publiquement, équivalent du templum latin. Ce téménos est déterminé simplement par une ligne de bornes, ou de pieux, souvent. Quelquefois, le téménos est entouré d'un mur de clôture appelé "péribole", qui peut être un véritable rempart. Ce péribole est franchi par des propylées qui s'ouvrent sur une allée menant à l'image de la divinité. Sur leurs faces intérieures, les périboles sont souvent longés de portiques.

L'intérieur

Sur l'espace souvent réduit du téménos s'entassent un nombre assez important de monuments allant jusqu'à la confusion. Parmi ces constructions, trois sont fondamentales : un delubrum, où l'on se purifie, un autel pour les sacrifices, et la statue du culte contenue ou non dans un naos. D'autres monuments varient et personnalisent les sanctuaires.

A Epidaure, sanctuaire d'Asclépios, il y a un hôpital religieux : des salles d'incubation.

Dans d'autres sanctuaires oraculaires, on trouve un manteion, lieu où l'on prophétise (l'adyton souterrain dans les sanctuaires de Dionysos), un théâtre.

Tous ces éléments peuvent se trouver réunis dans de très grands sanctuaires, qui sont des villes sacerdotales. Dans certains lieux, il y a différents sanctuaires consacrés à des divinités diverses.

Au sanctuaire, en-dehors des limites du téménos, sont annexés un stade, un hippodrome, des hôtels pour les pélerins, les logements des prêtres, des bains, des boutiques.

B. Les différentes catégories de sanctuaires

Les sanctuaires particuliers

Ils sont fondés par de simples particuliers : Xénophon, après la retraite des Dix-Mille, éleva un sanctuaire à Artémis.

les sanctuaires des fratries

Ils sont plus rares. Les fratries y vénéraient leur héros, souvent le héros éponyme. Peu à peu, on y vénérera de grands dieux, le caractère familial se perdra, surtout après Clisthène.

les sanctuaires des tribus

Ils sont eux aussi dédiés au départ à un héros éponyme. On y trouve le trésor, les archives, un local de fêtes.

les sanctuaires des cités et les sanctuaires nationaux

Ils peuvent être consacrés à une divinité poliade, par exemple l'Acropole.

les sanctuaires des fédérations et les sanctuaires panhelléniques

Les ligues se réunissaient dans un sanctuaire fédéral, par exemple la ligue de Délos. On y accepte parfois des étrangers à la fédération. Ils deviennent alors des sanctuaires panhelléniques : olympiques, isthmiques, néméens, pythiques...

C. Puissance économique des sanctuaires

Les grands sanctuaires ont disposé de biens considérables. Le dieu est propriétaire. Le personnel est surtout chargé d'administrer les biens du dieu.

Les ressources

Les ressources qui ne rapportent pas

Les offrandes contenues dans le temple ou dans des monuments le long de la voie sacrée (les "trésors" à Delphes). Ces ressources, il n'y a qu'à les conserver. De temps en temps, on fait des inventaires, et, pour éviter les encombrements, des révisions périodiques. A Delphes, on fond des objets en lingots. Parfois, quand une offrande est difficile à garder, on lui en substitue une autre. Les animaux vivants, fruits, miel et autres denrées éminemment périssables. On vend tout cela pour acheter des objets précieux.

Les ressources qui rapportent

L'argent disponible est contenu dans des jarres (pithoi). Sur chacune d'elles, une inscription indique la provenance de la somme, jour, mois, arrivée en dépôt, montant, nom du déposant. On investit ces capitaux : on les place ou on les prête pour cinq ans à dix pour cent. Le remboursement est garanti par une hypothèque et un droit de saisie sur tous les biens du débiteur. Il y a aussi les maisons et domaines ruraux sur lesquels on touche des loyers et des fermages. Il existe un modèle universel de contrat, un bail de dix ans, qui n'est valable que si le locataire fournit une caution. En cas de retard, amende, puis vente ou saisie, ou, honte des hontes, inscription sur la stèle des débiteurs du dieu.

Les subventions

Elles sont données par la ville grâce à des droits variés sur la navigation, le commerce, l'industrie.

Les dépenses

On distingue les dépenses périodiques classiques, entretien du temple, sacrifices, traitements du personnel, et les dépenses accidentelles, travaux, réparations, constructions. En principe, c'est l'ecclèsia qui décide de l'exécution de ces gros travaux, qui sont mis en adjudication. Chaque marché est consigné dans un contrat minutieusement établi, avec devis et cahier des charges.

L'administration financière

Elle est confiée à des personnages considérables et particulièrement respectés. A Délos, l'administration financière est confiée à quatre intendants du temple, les quatre hiéropes. Leur charge est annuelle. Deux d'entre eux sont spécialement chargés des biens du dieu, les deux autres s'occupent de l'organisation, des sacrifices et du culte. Ils sont soumis au contrôle de l'ekklèsia.

A Delphes, l'administration financière du sanctuaire appartient à la boulè, et particulièrement à la commission des prêtresses de cette boulè. En 369 est instituée une nouvelle commission internationale, celle des tamiai, les trésoriers. Chaque cité doit se faire représenter au collège des tamiai.

D. Le rôle politique des sanctuaires

La réunion de plusieurs peuplades autour d'un sanctuaire commun existait dans le monde égéen avant même l'invasion achéenne : Amphictionis, Delphes. Leur but est d'abord purement religieux : l'adoration commune d'un dieu, offrande d'un sacrifice en commun, célébration d'une fête. On proclame alors une trêve sacrée. Théores, archithéores, particuliers, se rendent à la réunion, avec des conséquences commerciales, en particulier des foires. L'idée de communauté de race, d'intérêts de parenté se trouve fortifiée par l'adoration du même dieu. Delphes et Eleusis ont entrevu l'idée de l'unité religieuse de tous les Grecs, prélude à une unité nationale panhellénique. Ces projets de Delphes et d'Eleusis ont échoué.

 

Haut de page Suite Retour
Composition | Catégories | Puissance économique | Le rôle politique | Sommaire
© 1964-66, M. Rodier - 2001, Grectel