Socrate : Il suivit pas à pas sa
maladie, mais comme celle-ci était mortelle, il ne pouvait pas,
je pense, la guérir. Il passa ainsi toute sa vie à se
soigner, sans aucun temps libre pour autre chose, se tourmentant s'il
faisait une entorse à son régime habituel. C'est en
traînant une vie mourante, grâce à ses connaissances,
qu'il arriva à la vieillesse.
Glaucon : Beau privilège, vraiment, dit-il, que sa
science lui offrit là !
Socrate : Le privilège qui convenait, dis-je,
à quelqu'un qui n'avait pas compris que ce n'était ni par
ignorance ni par inexpérience qu'Asclépios n'avait pas
montré à ses descendants cette forme de médecine;
il savait bien en effet que dans tous les pays où existent de
bonnes lois, une tâche a été assignée
à chacun dans la cité, qu'il est indispensable
d'accomplir, et personne n'a le loisir de passer sa vie à
être malade et à se faire soigner.
Platon, La République (406, b-c).