Monsieur le Président, Honorables
membres, Mesdames, Messieurs,
Il y a encore d'autre remerciements que je dois
exprimer: aux nombreux citoyens britanniques qui ont défendu la
position de mon gouvernement, aux Honorables Membres des deux Chambres
qui ont manifesté leur intérêt et leur sympathie
pour la restitution, aux participants au débat de ce soir, et
bien sûr, pour les efforts qu'il accomplit afin d'apporter au
peuple anglais la vérité sur la question, ma gratitude la
plus profonde au Comité Britannique pour la Restitution des
Marbres du Parthénon.
Car il s'agit bien des Marbres du
Parthénon. Il n'existe pas de Marbres d'Elgin.
Il y a un David de Michel-Ange.
Il y a une Vénus de Léonard de Vinci.
Il y a un Hermès de Praxitèle.
Il y a un Pêcheurs en mer de Turner.
Il n'y a pas de Marbres d'Elgin !
Vous savez, on dit que les Grecs sont un peuple
fervent et qu'ils ont le sang chaud. Eh bien permettez-moi de vous dire
une chose : c'est vrai. Et je ne suis pas reconnue comme une exception.
Sachant ce que ces sculptures représentent pour le peuple grec,
il n'est pas facile d'évoquer leur enlèvement de
Grèce sans être passionnée, mais je vais essayer, je
vous le promets.
J'ai reçu de l'un de vos éminents
professeurs le conseil de raconter l'histoire, de raconter comment ces
Marbres ont été enlevés à Athènes
pour être apportés sur les rivages de l'Angleterre. J'ai
protesté : l'histoire est trop connue. On m'a répondu que
s'il y avait une seule personne dans l'assistance pour qui les faits
étaient un peu vagues, alors, il fallait raconter cette histoire.
Alors, aussi brièvement que je pourrai, la voici.
Nous sommes à la fin du XIXe
siècle. Napoléon médite sur le risque qu'il
courrait en envahissant l'Angleterre. Il conclut que ce n'est pas une
très bonne idée. A la place, il envahit l'Egypte, qu'il
arrache à l'autorité turque. Les Turcs n'apprécient
pas du tout. Ils rompent les relations diplomatiques avec la France. Ils
déclarent aussi la guerre. L'Angleterre juge que c'est un moment
épatant pour nommer un ambassadeur en Turquie.
Entrée en scène de Lord Elgin.
C'est lui qui a le poste. Il vient d'épouser la ravissante Mary
Nisbett, et il termine l'aménagement de son château. Son
architecte lui parle des merveilles de l'architecture et des sculptures
grecques, et il suggère que ce serait une idée
merveilleuse de faire des moulages en plâtre des véritables
objets d'Athènes. "Merveilleuse en
vérité.", dit Elgin. Et d'organiser un groupe de gens
capables de faire des dessins d'architecture, dirigés par un
peintre de qualité, qui se trouve être Giovanni Lusieri, un
artiste italien.
Je ne peux pas résister à la
tentation de prendre un moment pour une anecdote. Elgin avait auparavant
pris contact avec Turner. Oui, le grand Turner. Le jeune peintre
se montra intéressé. Lord Elgin posa ses conditions:
chaque dessin, chaque croquis fait par Turner resterait la
propriété de sa Grâce. A ses moments perdus, il
donnerait des cours de dessin à Lady Elgin. "D'accord, dit
Turner, mais je veux £400 par an." Non non, dit Lord Elgin,
c'est trop, beaucoup trop. Alors, pas de Turner. Fin de l'anecdote.
Le chapelain de l'équipe d'Elgin
était le Révérend Philip Hunt. Je n'en parlerai pas
avec beaucoup de révérence. Si je devais faire l'exception
de Lord Elgin, le méchant en chef de l'histoire, pour moi, ce
serait le Révérend Hunt. On en reparlera. Les Elgin sont
reçus avec faste à Constantinople. On échange des
cadeaux somptueux. Les vents de la guerre sont favorables aux Anglais et
le Sultan est ravi. Maintenant, nous passons en Grèce, cette
Grèce occupée depuis près de quatre cents ans
maintenant par l'Empire Ottoman.
L'équipe d'Elgin arrive à
Athènes. Pour contrôler Athènes, les Turcs avaient
nommé deux gouverneurs, un civil et un militaire. On a beaucoup
parlé, et on continue à parler du peu
d'intérêt des Turcs pour les trésors de l'Acropole.
Pourtant il a fallu six mois pour que l'équipe d'Elgin ait le
droit d'y accéder. Mais ils y sont parvenus : cinq livres par
visite dans la poche du gouverneur militaire. Ce fut le début
d'une procédure de corruption des fonctionnaires turcs qui ne
devait prendre fin qu'une fois les marbres mis en caisses et
embarqués pour l'Angleterre.
Pourtant, quand les échafaudages furent
montés et les moulages prêts à être faits,
soudain arrivèrent des rumeurs d'une préparation de la
France à l'action armée. Le gouverneur turc ordonna
à l'équipe d'Elgin de descendre de l'Acropole. Cinq livres
par visite ou pas, l'accès à l'Acropole était
verboten. Il n'y avait qu'une manière d'y remonter :
qu'Elgin mette encore en oeuvre son influence auprès du Sultan de
Constantinople, qu'il obtienne un document appelé firman,
ordonnant aux autorités d'Athènes de permettre la
poursuite du travail.
Le Révérend Hunt va à
Constantinople voir Lord Elgin. Il demande que les documents mentionnent
le fait que les artistes - notez bien le mot - sont au service de
l'Ambassadeur extraordinaire de Grande-Bretagne. Elgin va voir le
Sultan, il obtient son firman. Le texte de ce firman est
composé de manière assez tortueuse. Permettez-moi de vous
lire les ordres donnés par le Sultan, et qui sont en rapport avec
notre sujet. Je cite :
Ces instructions sont transmises aux gouverneurs
et ces précisions inscrites dans le firman -- en raison
des excellentes relations entre les deux pays - je cite encore:
Lorsqu'on s'attaqua au portique des Caryatides de
l'Erechteion, la fièvre monta tellement que le
Révérend Hunt émit l'idée que la
totalité de l'édifice pourrait être emportée
si seulement on pouvait dépêcher pour le prendre un gros
navire de guerre britannique. Lord Elgin était enchanté de
cette idée et demanda l'envoi d'un navire. La requête ne
fut pas considérée comme extravagante, mais à ce
moment, il n'y avait aucun navire disponible. (Imaginez ce qui se serait
passé s'il y en avait eu un).
Raconter toutes ces horreurs demanderait beaucoup
de temps et beaucoup de maîtrise de soi. Les mots
"pillage", "dilapidation", "dévastation
impudente", "écrasement et ruine lamentables" ne
sont pas de moi maintenant. Ils ont été prononcés
par les contemporains d'Elgin. Horace Smith désignait Elgin comme
un "voleur de marbre". Lord Byron l'appela pillard. Thomas
Hardy, plus tard, devait parler des marbres comme de "captifs en
exil".
Mon gouvernement a demandé la restitution
des Marbres du Parthénon. Il s'est vu opposer un refus. Mais
qu'il soit bien établi que nous ne renoncerons jamais à
notre requête. Permettez-moi d'énumérer les
arguments qui sont constamment opposés contre la restitution et
de les traiter un par un.
D'abord on nous dit que les Marbres ont
été obtenus à la suite d'une transaction en
règle. Je demande si la corruption de fonctionnaires peut
être opposée à une "transaction en
règle". Lorsque le Comité Particulier mis en place
étudiait la proposition de rachat des Marbres à Sa
Grâce, Elgin lui a soumis un rapport détaillé de des
dépenses pour leur obtention. Faisant état, je le cite,
des "obstacles, interruptions et du découragement
créés par les caprices et les préjugés des
Turcs", il inscrit dans sa comptabilité une dépense
de £21.902 pour des cadeaux aux autorités d'Athènes.
Au moins, c'est une somme convenable. Et, bien sûr, il faut
poser la question: Est-il convenable de traiter avec les Turcs pour
obtenir le bien le plus précieux des Grecs, alors que la
Grèce est sous l'occupation et la domination turque?
Un deuxième argument qui perdure, bien
qu'il ait été réfuté avec irritation par les
nombreux Anglais voyageant en Grèce à l'époque est
que:
Les soldats turcs assiégés sur
l'Acropole étaient à court de munitions. Ils ont
commencé à s'attaquer aux grandes colonnes pour en prendre
le plomb afin de fabriquer des balles. Les Grecs leur ont envoyé
des munitions avec ce message: "Voici des balles, ne touchez pas
aux colonnes".
Après l'acquisition de
l'indépendance, une des premières lois votées par
le gouvernement grec fut pour la protection et la préservation
des monuments. De l'indifférence ? Nous considérons une
telle accusation comme monstrueuse. Vous avez certainement entendu dire,
mais permettez-moi de le répéter, ce qu'un Grec, la mort
dans l'âme, avait dit à un membre de l'équipe
d'Elgin, et qu'a rapporté J.C. Hobhouse. "Vous avez
emporté nos trésors. Prenez-en bien soin. Un jour, nous
réclamerons leur retour". Pouvons-nous croire que cet homme
ne parlait qu'en son nom propre?
Récemment, a été
proposée une théorie nouvelle, celle-ci est une petite
merveille. Mr Gavin Stamp, que j'aurai l'honneur de rencontrer ce soir,
avance l'idée que les Grecs actuels ne sont pas les descendants
de Périclès. Bigre! On nous a pris nos marbres. Qui va
maintenant prétendre à un droit sur les ossements de nos
ancêtres ?
En tant que Ministre de la Culture, j'invite ici
Mr Stamp à venir à Athènes. Je lui organiserai une
émission de télévision à une heure de grande
écoute pour qu'ils puisse apprendre aux démographes grecs
et au peuple grec qui ils sont.
Argument numéro 3. Si les marbres sont
restitués, cela créera un précédent qui
pourrait mener au vidage des musées. Excusez-moi, mais c'est du
boniment. Qui va demander et qui va obtenir le vidage des
musées?
Permettez-moi de redire que nous
considérons les musées de tous les pays comme un besoin
social et culturel vital, qui doit être protégé.
J'ai dit et répété que ce que nous
réclamons, c'est une partie intégrante d'une structure qui
a été mutilée. Dans le monde entier, le nom de
notre pays est immédiatement associé au
Parthénon.
Tout ce que nous demandons, c'est quelque chose
d'unique, quelque chose qui n'a pas d'égal, quelque chose qui est
spécifique de notre identité. Et, mes chers amis, s'il y
avait l'ombre de l'ombre d'un danger pour les musées, pourquoi le
Conseil International des Musées aurait-il recommandé la
restitution, comme il l'a fait?
Argument numéro 4. D'un cru plus
récent, celui-ci. La pollution ! La pollution sur l'Acropole.
Qu'est-ce que cela veut dire? Lorsque Londres affrontait le grave
problème de la pollution, y a-t-il eu des cris d'alarme pour les
marbres? Bien sûr que non. Pour la simple raison qu'ils
étaient logés à l'intérieur du
British Museum. Eh bien nous n'avons jamais prétendu que nous
remettrions les sculptures à leur place sur la frise. Nous sommes
bien persuadés que cele ne peut pas se faire. Au contraire, mon
gouvernement a bien établi que le jour où Athènes
se verra rendre ses marbres, il y aura, prêt à les
accueillir, tout près de l'Acropole pourqu'ils soient dans leur
contexte, un beau musée, avec les systèmes de
sécurité et de conservation les plus
élaborés.
Puis-je ajouter que nous sommes fiers du travail
qui se fait sur l'Acropole. La présentation de ce travail a
été faite lors d'un congrès des plus grands
archéologues du monde invités à Athènes.
Leurs compliments ont été unanimes, enthousiastes, et
gratifiants. Depuis lors, ce travail a fait l'objet d'expositions dans
les principales villes d'Europe. Il a été aimablement
reçu par le British Museum de Londres. Le Financial Times a
écrit un rapport sur la qualité de ce travail, et
l'habileté exemplaire des restaurateurs grecs. J'ai
demandé que des copies soient mises à la disposition de
ceux d'entre vous qui pourraient être intéressés.
L'argument le plus souvent mis en avant est que
l'enlèvement des Marbres les a sauvés de la barbarie des
Turcs. Nier le vandalisme turc me mettrait ici en position de faiblesse.
Pourtant, le fait est que les Turcs n'ont donné à Elgin
aucune permission d'enlever des sculptures des oeuvres ou des murs de la
citadelle, et qu'avec la bénédiction du
Révérend Hunt, ils ont été enlevés de
la manière la plus barbare. Je cite une lettre de Lusieri
à Elgin:
En l'année 1816, un Comité
Particulier est nommé pour étudier une proposition faite
par Lord Elgin. Les marbres avaient été exposés en
différents lieux et sous différents abris. Lord Elgin
connaît des temps difficiles et offre de vendre les Marbres au
gouvernement. Le Comité doit décider:
Absence de témoignage concluant? Lord
Elgin au Comité:
Lord Elgin parle au Comité de sa gratitude
pour avoir eu les navires de Sa Majesté pour transporter les
caisses des Marbres. Un citoyen ordinaire aurait-il eu à son
service une navire de guerre royal?
Question du Comité au
Révérend Hunt:
Monsieur le Président, Honorables Membres,
Mesdames et Messieurs, avec toutes mes excuses, s'il le faut, je vous
soumets l'idée que l'avis du Comité selon lequel Lord
Elgin a agi en tant que personne privée, était un sommet,
soit de naïveté soit de bonne foi douteuse.
Mais c'était il y a cent soixante-dix ans.
L'Angleterre est différente. Les concepts d'Empire et de
conquête sont différents. La morale qui prévaut est
différente. Il serait intéressant de savoir ce qu'un
Comité aujourd'hui conclurait s'il examinait les
témoignages de ceux qui ont été appelés
devant le Comité de l'époque, et les jugements de ceux qui
n'ont pas été appelés. Je parierais bien un peu -
et même beaucoup, que l'issue serait différente.
J'ai pris sur votre temps et je sais que le
débat est ce qui saisira les consciences. Je voudrais
espérer que ce débat soulève quelques questions.
J'ai là une petite liste:
L'année dernière a eu lieu une
célébration de Shakespeare à l'Odéon
d'Hérode Atticus, au pied de l'Acropole. Votre troupe de Covent
Garden est venue avec le Macbeth de Verdi. Votre troupe du
théâtre National est venue avec Coriolan. Ce furent
des soirées inoubliables. Non seulement à cause d'un
niveau artistique de premier ordre, mais aussi à cause d'une
exceptionnelle communion entre les artistes britanniques et le public
grec. Ian McKellen me pardonnera si je parle des larmes d'émotion
et de celles de ses camarades lorsque le public, debout, leur a fait une
ovation. Ces larmes concernaient un rapport entre deux peuples,
concernaient l'amitié, concernaient Shakespeare joué dans
un lieu sacré. C'était beau, c'était
mémorable. Et c'est dans cet esprit d'amitié que nous vous
disons : il y a eu une injustice, qui peut maintenant être
corrigée.
Vous devez comprendre ce que représentent
pour nous les Marbres du Parthénon. Ils sont notre fierté.
Ils sont nos sacrifices. Il sont notre symbole d'excellence le plus
noble.Ils sont notre contribution à la philosophie
démocratique. Ils sont notre aspiration et notre nom. Ils
sont l'essence même de notre grécité.
Nous sommes prêts à dire que nous
déclarons l'entreprise d'Elgin tout entière sans rapport
avec le présent. Nous disons au gouvernement britannique : Vous
avez conservé ces sculptures pendant presque deux siècles.
Vous en avez pris soin autant que vous le pouviez, ce dont nous vous
remercions. Mais maintenant, au nom de ja justice et de la morale, s'il
vous plaît, rendez-les nous. j'espère sincèrement
qu'un tel geste de la part de la Grande Bretagne honorera votre nom pour
toujours.
Je vous remercie.
Permettez-moi d'abord de remercier l'Oxford Union d'avoir
présenté cette résolution de débat, et de la
remercier de m'avoir invitée. Je crois qu'il est bon que ce soir
une voix grecque puisse être entendue. Même une voix avec
mon pauvre accent. Je l'entends et j'en grimace. Il me rappelle ce que
Brendan Behan avait dit un jour d'un homme de radio : "Il parle
comme s'il avait les Marbres d'Elgin dans la bouche"."Que les artistes ne rencontrent aucune opposition
lorsqu'ils se déplacent, qu'ils observent, qu'ils contemplent les
images et les édifices qu'ils peuvent souhaiter dessiner ou
copier; ni lorsqu'ils moulent en craie ou en plâtre lesdits
monuments et les figures visibles; ni lorsqu'ils font des excavations,
lorsqu'ils le jugent nécessaire, pour trouver des inscriptions
parmi ce qui rest rejeté. Qu'ils ne soient pas
empêchés d'emporter des fragments de pierre portant des
inscriptions ou des figures."
(La traduction Hunt
présentée par la suite au Comité Particulier dit :
- qualche pezzi di petra - quelques morceaux de pierre)."... particulièrement parce qu'il n'y a aucun
mal à ce que lesdits édifices soient ainsi vus,
contemplés et dessinés".
Sitôt le firman transmis à
Athènes, une attaque en règle, fiévreuse,
terrifiante, est menée contre un édifice que,
jusqu'à nos jours, beaucoup considèrent comme le plus pur,
le plus beau de la création humaine."... les Grecs ignorants, superstitieux, étaient
indifférents à leur art et à leurs
monuments."
Cela implique, bien sûr, qu'ils n'aient eu ni yeux, ni conscience,
ni coeur. Qui? Ces Grecs qui, longtemps après
Périclès, ont créé les miracles de l'art
Byzantin? Ces Grecs qui même sous l'occupation turque, ont
créé des écoles entières d'art et de
techniques? Ces Grecs qui, malgré quatre cents ans de domination
turque ont conservé inexorablement leur langue et leur religion?
Ces Grecs qui, dans leur lutte pour l'indépendance ont
envoyé aux soldats turcs des balles contre eux-mêmes, oui,
contre eux-mêmes:"J'ai, Monseigneur, le plaisir de vous annoncer la
prise de la huitième métope, celle où un centaure
enlève une femme. Ce fragment nous a causé bien des ennuis
à tous égards et j'ai dû me montrer un peu
barbare."
Dans une autre lettre, il espérait
"... que les actes de barbarie que j'ai
été contraint de commettre pour votre service pourront
être oubliés."
Edward Dodwell écrit:
"J'ai subi la mortification indicible d'être
présent lorsque le Parthénon a été
dépouillé de ses plus belles sculptures. J'ai vu descendre
plusieurs métopes de l'extrémité sud-est du temple.
Elles étaient fixées entre les triglyphes comme dans une
rainure, et pour les soulever, il a fallu mettre à bas la
magnifique corniche par laquelle ils étaient couverts. L'angle
sud-est du fronton a subi le même sort; et au lieu de le
beauté pittoresque et de l'excellent état de conservation
où je l'ai vu à l'origine, il est maintenant totalement
réduit à un état de désolation et de ruine.
On ne peut qu'exécrer l'esprit de barbarie qui a poussé
à briser et à mutiles, à piller et à
renverser les nobles oeuvres qu'avait commandées
Périclès, et qu'avaient exécutées le
génie sans rival de Phidias et d'Ictinos. "
Un autre témoin, Robert Smirke, écrit:
"J'étais particulièrement affecté
quand je vis les déprédations commises pour accéder
aux bas-reliefs des murs de la frise. Chaque pierre en tombant, faisait
trembler le sol de son poids énorme, avec un son creux et sourd;
on eût dit un grognement convulsif de l'esprit du temple
blessé."
Edward Daniel Clarke fut parmi les témoins
de la dévastation. Il écrit:
"Levant les yeux, nous vîmes à regret le
vide qu'on venait de faire, et que tous les ambassadeurs de la terre,
avec tous les souverains qu'ils représentent, aidés de
toutes les ressources que peuvent apporter la fortune et le talent, ne
sauront jamais réparer. "
Voilà pour la barbarie.
Si vous lisez le rapport, vous verrez que la plus
grande part des témoignages demandés concernait la
qualité des marbres et le prix qu'il conviendrait de les payer.
Mais, pour recommander leur achat, il fallait franchir un pas difficile:
montrer que les circonstances de la transaction étaient correctes
et que les Marbres avaient été acquis par Elgin, en tant
que personne privée, et non par son influence en tant
qu'Ambassadeur de Grande-Bretagne.
Je vous cite le rapport du Comité particulier:
"Le Comte d'Aberdeen, en réponse à une
question demandant si l'autorité et l'influence d'une situation
publique était, selon lui, nécessaire pour réussir
à enlever ces marbres, répondit qu'il ne pensait pas
qu'une personne privée ait pu réussir à
enlever les vestiges que LordElgin a obtenus. "
(Le Comte d'Aberdeen, qui n'était pas moins qu'Elgin un ardent
chasseur de trésors, était en Grèce à
l'époque et en mesure de savoir.)
Je cite le rapport;
"Le Dr Hunt, qui avait sur ce point de meilleurs
sources que toutes les autres personnes interrogées, exprima
la ferme opinion qu'un sujet britannique qui n'aurait pas eu la
position d'ambassadeur n'aurait pas été capable
d'obtenir du gouvernement turc un firman accordant des pouvoirs
aussi étendus."
Je cite le rapport:
"Le succès des armées britanniques et la
restitution attendue de cette province à la Sublime Porte
accomplit un changement merveilleux et instantané dans les
dispositions de toutes les classes et dans les descriptions du peuple
envers notre nation."
Et pourtant, et pourtant, écoutez ce que
dit la conclusion du Comité particulier:
"Il ne peut être mis en doute que Lord Elgin se
considérait comme agissant d'une manière
entièrement distincte de sa position officielle. Mais que le
gouvernement dont il obtint la permission ait ou ait pu le
considérer comme tel, est une question qui ne peut être
résolue que par conjecture et raisonnement, en l'absence et
défaut de tout témoignane concluant."
(Si ce n'est pas là du double langage, alors qu'est-ce que
c'est?)"J'ai dû traiter avec les plus hauts personnages
de l'état."
Le Comité a-t-il pu croire une seconde
qu'un simple citoyen pouvait obtenir de traiter avec les plus hauts
personnages de l'état turc?"Imaginez-vous que le firman donnait la
permission directe d'enlever les statues et les fragments
sculptés des murs des temples ou a-t-il dû s'agir d'un
arrangement privé avec les autorités locales?
"
Réponse de Hunt:
"C'est l'interprétation que le gouverneur
d'Athènes a été incité à
permettre qu'il comporte."
Incité par qui? Par une personne
privée? Absence de témoignage concluant? Personne
privée ou ambassadeur? Eh bien regardons le firman
lui-même. La permission a été accordée
à Lord Elgin "en raison de l'amitié entre le Sublime
et Immortelle Cour Ottomane et celle de l'Angleterre".
L'Angleterre et la Grèce sont des amies.
Le sang anglais a été répandu sur le sol grec dans
la guerre contre le fascisme, et des Grecs ont donné leur vie
pour protéger des pilotes anglais. Lisez Churchill, il vous dit
à quel point le rôle de la Grèce a été
crucial dans votre victoire décisive dans le désert contre
Rommel.